Page 5 - Guide de pratique de l’Association des urologues du Canada pour la prise en charge des lésions kystiques du rein
P. 5
Prise en charge des lésions kystiques du rein
Cependant, on croit que la littérature surestime le risque kystes de catégorie III de Bosniak est généralement sug-
réel de cancérogénicité des kystes de catégorie II, car la gérée. (Niveau 3; recommandation B) Si on extrapole les
majorité était prise en charge de manière conservatrice ou données concernant les petites masses rénales, la néphrec-
avait des caractéristiques qui les rendaient trop comple- tomie partielle est considérée comme le traitement de choix
xes pour être classées comme un kyste de catégorie II de quand cette option est réalisable, si une chirurgie est pré-
61
Bosniak 6,12,26,29,31,32,35,38,59 . Fait important, même lorsqu’ils sont vue . (Niveau 2; recommandation B) Étant donné le fai-
cancéreux, la plupart se comportent de manière relativement ble potentiel métastatique du carcinome à cellules rénales
bénigne. Par conséquent, à l’instar des kystes de catégorie I, (RCC) kystiques, le groupe d’experts estime que des marges
le suivi d’un kyste de catégorie II de Bosniak II correctement chirurgicales réduites et une décompression contrôlée des
classé n’est pas justifié (Niveau 3; recommandation C) et une kystes (si nécessaire) peuvent être effectuées avec un faible
intervention n’est recommandée que si le patient présente risque de récidive tumorale. (Niveau 4; recommandation
des symptômes. (Niveau 3; recommandation B) Lorsqu’il D) De même, pour une raison similaire, une surveillance
existe un doute quant à leur catégorisation en fonction des active et un traitement par ablation thermique peuvent éga-
caractéristiques notées à l’imagerie, ces lésions doivent lement être considérés comme des solutions de rechange
être considérées comme faisant partie de la catégorie IIF appropriées dans certains cas (voir plus bas). (Niveau 4;
de Bosniak et faire l’objet d’un suivi approprié. recommandation D)
Catégorie IIF de Bosniak Catégorie IV de Bosniak
Étant donné le risque relativement élevé de cancer lié à ces La majorité des lésions incluses dans cette catégorie
kystes (tableau 2), ces lésions nécessitent un suivi, comme le sont malignes (tableau 2), plus de 80 à 90% des lésions
«F» dans le nom de la catégorie l’indique (F pour followup). de la catégorie IV de Bosniak étant des CCR kysti-
(Niveau 3; recommandation B) Environ 15 % de ces kystes ques 6,11-13,15,23,25,29,31-35,38-40,42-44,48 . L’excision chirurgicale est
de la catégorie IIF gagneront en complexité (passant aux généralement suggérée (Niveau 3; recommandation B), la
catégories III ou IV de Bosniak) au fil du temps 7,13,20,21,36 . néphrectomie partielle étant l’opération de choix, lorsque
La progression est plus susceptible de se produire au cours cela est possible. (Niveau 2; recommandation B) Néanmoins,
des deux premières années et se produit rarement après la plupart de ces kystes cancéreux ont un faible potentiel
36
cinq ans . Malheureusement, un schéma de progression métastatique et, par conséquent, une prise en charge plus
clair rester à déterminer et, par conséquent, il n’y a pas de conservatrice peut être considérée sans danger dans certains
limite de temps factuelle pour les examens de suivi par ima- cas. (Niveau 4; recommandation D)
gerie. Compte tenu du faible potentiel métastatique de ces
lésions (lorsqu’elles sont cancéreuses), il semble raisonnable Rôle de la surveillance active dans les cas où on soupçonne un CCR
de faire le suivi de ces lésions par tomodensitométrie ou IRM kystique
avec contraste tous les six mois pendant la première année.
(Niveau 4; recommandation D) On peut avoir recours à Les médecins qui prennent en charge les CCR kystiques
une surveillance plus étroite, mais cela peut potentiellement doivent les distinguer des masses rénales solides avec com-
réduire la possibilité de dépistage d’une progression si les posantes nécrotiques, qui se comportent de façon plus
3
changements dans les kystes sont minimes d’une épreuve agressive . Les CCR kystiques font partie d’un éventail de
d’imagerie à l’autre. L’échographie avec contraste peut éga- masses rénales kystiques complexes qui sont reconnues pour
lement être utilisée pour mieux déterminer le nombre de être liées à un risque accru de cancer à complexité crois-
cloisons et l’épaisseur des cloisons et des parois, la pré- sante (c.-à-d. kystes des catégories III et IV de Bosniak). La
sence d’une composante solide et son rehaussement 8,10,60 . grande majorité des CCR kystiques sont des CCR kystiques
62
L’échographie associée à une tomodensitométrie ou à l’IRM multiloculaires (CCRkm) , mais tous les sous-types de CCR
peut être utilisée si la lésion est stable lors du suivi. Les cas peuvent présenter une forme principalement kystique . Bien
63
sans progression devraient être suivis chaque année pendant que le traitement de choix suggéré pour ces lésions reste
au moins cinq ans. (Niveau 4; recommandation D) une excision chirurgicale, il existe de plus en plus de don-
nées étayant leur potentiel métastatique relativement faible
Catégorie III de Bosniak et l’excellent pronostic auquel elles sont liées 63-67 . À notre
connaissance, il n’existe pas encore de rapport montrant la
Les études sur les lésions réséquées de catégorie III de formation de métastases ou la récurrence de ces lésions.
Bosniak ont révélé qu’environ 54 % (intervalle interquartile Pour refléter ce comportement indolent, la Société interna-
[IIQ] : 44-67 %) de ces kystes étaient cancéreux (tableau tionale de pathologie urologique (ISUP) a récemment modi-
2). Selon les données actuelles, l’excision chirurgicale des fié sa terminologie et recommande maintenant d’appeler ces
CUAJ • Mars-avril 2017 • Volume 11, Numéros 3-4 R55