Page 5 - Suivi à long terme après résection d’un phéochromocytome
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Suivi des phéochromocytomes
raison de son coût, est peu disponible. Les indications spé- endocrinologues, oncologues et spécialistes en médecine
cifiques de chaque test d’imagerie dépassent le cadre de cet nucléaire (principe clinique).
examen, mais on peut les trouver dans les Lignes directrices
de 2014 sur les phéochromocytomes et les paragangliomes Conclusions
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de la Société d’endocrinologie .
Le risque de récidive après une résection complète du phéo-
Recommandation 8 : Dans le cas des récidives bioch- chromocytome est faible, mais significatif. Les récidives peu-
imiques, nous proposons la TDM et l’IRM comme modalités vent survenir de nombreuses années après l’intervention
d’imagerie de première intention et la scintigraphie à la chirurgicale et sont plus fréquentes chez les patients atteints
méta-iodo-benzyl-guanidine (MIBG) marquée à l’iode 123 d’une maladie génétique, les jeunes patients et ceux qui sont
en deuxième intention (faible recommandation, données atteints d’une tumeur volumineuse ou d’une maladie extra-
de très faible qualité). surrénalienne. Il faut envisager de recourir à des tests géné-
tiques chez tous les patients. Les patients doivent subir une
Phéochromocytome malin mesure des métanéphrines plasmatiques et urinaires après
l’opération, puis chaque année pendant au moins 10 ans,
Les phéochromocytomes malins sont rares. Ils sont associés à et potentiellement à vie pour les patients à risque élevé.
une morbidité importante en raison de leur capacité à envahir Le tableau 1 présente un résumé de toutes les recom-
les organes et à déréguler le système nerveux autonome . mandations de ce RMP.
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Étant donné leur rareté, il existe peu d’études prospectives
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sur les traitements potentiels, et leur impact sur la survie et la Conflits d’intérêts : Le D Violette a été membre du Bureau des conférenciers de Janssen et
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qualité de vie est difficile à déterminer. La prise en charge est Sanofi (sans honoraires). La D Tomiak a reçu des honoraires d’AstraZeneca. Le D Izard a reçu des
largement guidée par les résultats des études rétrospectives, honoraires d’Abbvie, Astellas, Ferring, Janssen et Sanofi à titre de participant à des conseils consul-
les consensus d’experts et l’expérience clinique. Les traite- tatifs et à titre de conseiller; il a participé à des essais cliniques appuyés par Astellas, AstraZeneca
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ments utilisés comprennent la chirurgie, la radiothérapie et Merck. Le D Rowe a participé à une réunion de conseil consultatif pour le compte d’Acerus et
a reçu des honoraires de Sanofi. Les autres auteurs n’ont aucun conflit d’intérêts personnels ou
interne à la MIBG marquée à l’iode 131, la chimiothérapie, financiers à signaler en lien avec le présent rapport.
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les traitements ciblés et l’attente sous surveillance .
Recommandation 9 : Le traitement du phéochromocytome Avant d’être publié, ce RMP a été passé en revue par le Comité des guides de pratique de l’AUC, les
malin devrait être discuté dans un cadre multidisciplinaire membres extraordinaires de l’AUC, le Comité de rédaction du JAUC et le Comité de direction de l’AUC.
comprenant chirurgiens, radiologues interventionnels,
Tableau 1. Résumé des recommendations
Recommandation Force de la Qualité des
recommandation données
1 Nous recommandons d’envisager que tous les patients atteints de PPGL subissent des tests Forte Modérée
génétiques.
2 Nous proposons de répéter la mesure des métanéphrines dans le plasma et/ou les urines sur 24 Forte Faible
heures au premier suivi postopératoire pour confirmer que la résection est complète.
3 Nous proposons de surveiller la récidive des PPGL par mesure annuelle des métanéphrines libres Forte Faible
dans le plasma et/ou des métanéphrines fractionnées dans les urines sur 24 heures.
4 Nous proposons que soit effectué un suivi annuel sur au moins 10 ans après une résection complète Faible Très faible
pour vérifier la survenue de récidives locales ou l’apparition de métastases ou de nouvelles tumeurs.
5 Nous proposons d'offrir un suivi annuel à vie aux patients à risque élevé (jeunes, maladie génétique, Faible Très faible
tumeur plus grosse et/ou paragangliome).
6 Nous proposons d'utiliser chaque année le test de freinage à la clonidine ou la mesure de la Faible Très faible
chromogranine A pour faire le suivi des patients dont les résultats préopératoires sont positifs.
7 Nous proposons d'effectuer des tests d'imagerie tous les 1 à 2 ans, en plus de mesures annuelles des Faible Très faible
métanéphrines chez les patients atteints d'une maladie négative sur le plan biochimique.
8 Dans le cas des récurrences biochimiques, nous proposons la TDM et l'IRM comme modalités Faible Très faible
d'imagerie de première intention et la scintigraphie à la 123I-méta-iodo-benzyl-guanidine (MIBG) en
deuxième intention.
9 Le traitement du phéochromocytome malin devrait être discuté dans un cadre multidisciplinaire Principe clinique
comprenant chirurgiens, radiologues interventionnels, endocrinologues, oncologues et spécialistes en
médecine nucléaire.
TDM : tomodensitométrie; IRM : imagerie par résonance magnétique; PPGL : phéochromocytomes et paragangliomes.
CUAJ • Décembre 2019 • Volume 13, numéro 12 R101